
La fécondité est tombée en dessous du seuil de renouvellement de la
population dans presque tous les pays du vieux continent.
(DR.)
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L'Europe face au défi du vieillissement

Stéphane Kovacs
Phénomène mondial, le vieillissement de la population est d'abord un
mouvement européen. Selon un récent rapport du Conseil de l'Europe, le Vieux
Continent est encore plus touché que d'autres régions du monde. «Aujourd'hui
déjà, la proportion de personnes âgées (plus de 65 ans) dépasse la
proportion de jeunes (moins de 15 ans) dans plusieurs pays, comme
l'Allemagne, la Grèce, l'Italie, le Portugal et l'Espagne», souligne
l'étude.
C'est l'Italie qui compte la plus forte proportion de personnes âgées
(18,2%), suivie par la Grèce et la Suède. D'après l'ONU, l'âge médian de la
population des Quinze est aujourd'hui de 38,1 ans. Il sera en 2050 de 48,5
ans.
«La faiblesse de la fécondité est peut-être le phénomène le plus
caractéristique de la démographie européenne», indique le rapport. La
fécondité est en dessous du seuil de renouvellement de la population (2,1
enfants par femme) dans pratiquement tous les pays d'Europe.
L'indice de fertilité moyen de l'Union européenne n'est que de 1,47 ! En
2001, seule la Turquie s'est caractérisée par un indice supérieur au taux de
remplacement (2,51).
Il y a eu, l'an dernier, plus de décès que de naissances dans 43% des
régions qui forment l'UE, affirme Eurostat. Selon les prévisions du Fonds
des Nations unies pour la population (FNUAP), l'Europe des 25 aura perdu, en
2050, 54 millions d'habitants, pour n'en compter que 397,5. Soit 72% de la
population des dix nouveaux adhérents !
Toutes les grandes nations sont concernées, à l'exception de l'Irlande,
de la France, des Pays-Bas et du Royaume-Uni, qui gardent un taux de
croissance démographique positif mais seulement grâce à l'immigration.
Tous les pays de l'élargissement, à l'exception de Chypre, Malte et la
Slovaquie, enregistrent des taux négatifs.
L'Europe centrale connaît, depuis la chute du communisme, un effondrement
démographique qui va aggraver le problème du vieillissement de la population
dans l'UE après l'élargissement. Les huit anciens pays communistes d'Europe
centrale qui doivent adhérer en 2004 enregistraient pourtant, jusqu'à la fin
des années 80, une natalité supérieure à celle de l'Europe de l'Ouest. Ils
disposent aujourd'hui d'une population active nombreuse, plutôt jeune, mais
la transition brutale vers l'économie de marché a provoqué un inquiétant
effondrement des naissances.
Tous les pays de la région enregistrent des taux de fécondité inférieurs
à 1,5 enfant par femme, y compris la très catholique Pologne, qui comptait
encore 2,5 enfants par femme au milieu des années 80. Ce pays, le plus
peuplé d'Europe centrale (38,3 millions d'habitants), a perdu un million
d'habitants en quatre ans et ne devrait plus en compter que 34 millions en
2050, indique le Population reference bureau, un institut démographique
américain.
A cette date, la population d'Estonie aura diminué de 36%. La Hongrie,
qui compte aujourd'hui 10,1 millions d'habitants, en aura perdu un cinquième.
Dans ces pays où le chômage atteint souvent des niveaux élevés, «mettre
au monde des enfants fait courir un risque important de sombrer dans la
pauvreté», explique Zsuzsa Karpati, membre de la commission
parlementaire hongroise sur la santé.
«Sous le communisme, les logements étaient distribués en fonction du
nombre d'enfants, l'emploi des femmes était garanti, des crèches et des
écoles maternelles existaient en nombre suffisant», souligne le
démographe Heinz Fassmann dans un rapport sur les conséquences
démographiques de l'élargissement. Mais les systèmes sociaux ont volé en
éclats durant la transition.
Paradoxalement, l'effondrement de la population ne semble pas préoccuper
les pays d'Europe centrale.
A l'exception de la Hongrie, l'un des rares Etats à s'attaquer au
problème : Budapest vient en effet d'augmenter les allocations familiales de
20% et a presque doublé les aides à la construction de logements pour les
familles ayant des enfants. |